Aujourd’hui encore, vous avez la chance de découvrir un excellent article de Philippe, un ami qui devient au fil des mois un personnage important pour le blog. Il a une analyse de ce qu’il fait et de ce qu’il lit particulièrement pertinente. N’hésitez pas à commenter et à enrichir ses « 10 commandements pour investir en bourse avec succès ».
Place à son article, que du plaisir…
1 ) De toi-même, tu te méfieras
Ton ennemi, c’est pas les multinationales, la crise ou les traders : c’est toi !
C’est ta méconnaissance, ton impatience, ton comportement moutonnier, ton affolement, etc.
Investir directement en bourse n’est pas à la portée de tous.
L’investissement direct en bourse devrait être interdit pour toute personne :
- A tendance addictive ou compulsive
- Qui n’a pas pris le temps de s’informer
Si vous avez une addiction aux jeux ou que vous êtes un acheteur compulsif, investissez en bourse via des fonds qui feront des choix à votre place, mais pas en direct.
De même, si vous n’avez pas lu un ou deux livres et consulté des blogs, comme celui d’un avenir plus riche, mieux vaut vous abstenir.
Toutefois, une fois ces 2 critères remplis, l’investissement en bourse est à la portée du plus grand nombre, à condition de bien définir une stratégie adaptée à son niveau d’expertise.
2 ) Ta stratégie, tu choisiras
Il existe plusieurs stratégies. Ma stratégie de base est basée sur celle de Warren Buffet ou d’Arnaud (mon mentor) : investir à long terme en conservant ses actions. L’argent est à considéré bloqué, non disponible. Il financera un événement ou un projet futur, comme la retraite. C’est la stratégie « bon père de famille » à retenir quand on n’est pas un spécialiste (« Bonne mère de famille », pour vous mesdames).
Cependant, au fil de l’expérience, vous adapterez cette stratégie. On apprend de ses succès, comme de ses échecs. On apprend à s’adapter à la période courante. En ce moment, la volatilité des cours donne des opportunités.
Aujourd’hui, ma stratégie est une tactique long terme avec un brin d’opportunisme.
Vous allez me trouver péremptoire avec mes 10 commandements, et vous aurez raison de vous méfier. Mais vous constaterez vite que mes arguments ne sont que du bon sens.
En bourse, chacun doit se constituer ses propres règles, la ligne de conduite qui lui est propre. Voici la mienne.
3 ) Ta formule de sang-froid, tu construiras
Garder la tête froide est la Qualité pour ne pas faire de bêtise. Un outil pour y arriver est de se constituer une formule de sang-froid. La mienne est une formule « magique » obtenue avec un tableur et qui me donne une note sur 20 pour chaque titre en bourse. Elle est basée sur 4 piliers :
- Une bonne rentabilité globale et raisonnable (fonction du PER, du rendement, du payout ratio …)
- Une bonne marge de manœuvre (fonction de la marge nette et du leverage ratio (endettement))
- De bonnes barrières (Marques indéboulonnables, Innovation, investissements en R&D, découvertes, brevets, diversification en produits, diversification géographique, marché d’avenir…)
- Une régularité long terme (résultat, CA, dividendes)
Cette formule m’est propre dans la mesure où le poids de chaque pilier correspond à mon niveau d’appétence au risque. D’autres personnes choisiront des coefficients pour les différents critères et n’auront pas forcément tort. C’est ça qui est sympa avec la bourse : l’investissement dépend de la sensibilité de chaque personne et tout le monde peut gagner avec des sensibilités différentes.
Si vous ne savez pas utiliser un tableur, pas de problème : une simple checklist facile à remplir et qui accorde des points suivants des critères suffira. Par exemple, une société avec un leverage ratio (endettement) inférieur à 1,3 aura 2 points. 1 point s’il est inférieur à 2, et zéro au dessus.
On peut aussi avoir uniquement une petite liste de critères à vérifier à minima : c’est très simple et à la portée du plus grand nombre.
Cette formule va nous permettre de choisir nos cibles.
4 ) Tes cibles, tu choisiras et tu entretiendras
Il faut acheter les actions des entreprises que l’on connaît et que l’on comprend et fuir les tuyaux. J’ai ciblé 32 sociétés que j’ai soit en portefeuille, soit dans mes favoris.
Je crois en elles et ma formule de sang-froid a validé mes choix en leur donnant un bon score (> 12/20).
Régulièrement, j’en rajoute, lorsque je découvre une société performante dans un magazine. Il peut arriver que j’en enlève aussi. C’est le cas de Bayer, depuis que j’ai vu le reportage d’Elise Lucet sur les pesticides. Depuis que Bayer a lancé une offre d’achat sur Monsanto, je l’ai définitivement rayée de ma liste. Il n’y a pas d’industrie d’armement ou de tabac dans ma liste. Mais je respecte les choix et l’éthique de chacun.
Enfin, je me renseigne régulièrement sur ces 32 entreprises, en tendant l’oreille tout simplement. C’est important de les suivre, de comprendre leur stratégie, voire de consommer leurs produits (quand c’est possible).
5 ) A marée basse, tu achèteras
Le problème, c’est qu’avec la bourse, on ne sait pas trop à l’avance quand est la marée basse. Quelque fois, on peut le deviner. Il y a régulièrement des mouvements cycliques.
Exemple de tendances mensuelles : La performance mensuelle du s&p 500.
C’est très bien d’épargner régulièrement, mais je ne conseille pas d’acheter les titres avec la même régularité. Il convient d’adapter ses achats de titres sur les cours. Moi, par exemple, je conserve toutes mes liquidités depuis mars car je prévoie une baisse prochaine en aout-septembre. Si je me trompe, je ne perds rien car je suis sur une stratégie long terme. Je reverrai alors mon niveau d’exigence à l’achat.
Si je me trouve face à une grande marée basse, comme ça a été le cas en février, j’achète au maximum : ce que j’avais prévu, plus d’autres formes d’épargnes (j’ai moins épargné sur mon PERP en faveur de la bourse), et même un peu plus, par anticipation dans la limite du raisonnable.
Je n’achète pas forcément les titres que je convoite le plus, mais ceux qui sont bradés parmi ma liste. Je rafle toute les belles valeurs bradées : je rééquilibrerai plus tard, si besoin.
Attention, il faut garder la tête froide. En février, j’ai acheté à contre-courant du mouvement baissier et j’ai eu raison. En revanche, j’ai eu envie d’acheter une action qui avait été « massacrée » dans la journée. Mais ma formule de sang-froid, lui a donné 9/20. Donc, je ne l’ai pas achetée et j’ai bien fait. Votre formule de sang-froid est primordiale, surtout dans les moments d’emballement.
6 ) A marée haute, tu vendras
Quand on souhaite récupérer son argent, il faut le faire à marée haute, bien entendu. Cela peut paraître simpliste, sauf que l’on peut quelquefois attendre plusieurs mois la remontée des cours. Il vaut mieux anticiper en vendant quelques mois avant d’avoir besoin ou le cas échéant ne pas être pressé.
Il y a un seul cas pour lequel il faut vendre, même à perte : le syndrome Kodak. Vous avez investi dans une société en laquelle vous ne croyez plus car elle n’a pas pris les tournants indispensables à sa survie. Si vous suivez les sociétés de votre portefeuille régulièrement, vous serez capable d’anticiper et de vous séparer de vos titres « devenus douteux » sans perte, ou presque.
7 ) Des ordres non exécutés, tu auras
Vous avez des ordres non exécutés car vous avez été trop « gourmand » ? Bienvenue au club ! C’est normal. C’est l’inverse qui doit vous interpeller : si 100% de vos ordres passent, c’est que vous n’êtes pas assez exigeant. Un ordre de perdu, 10 de retrouvés !
Si comme moi, vous avez 32 valeurs sur lesquelles « parier », les occasions ne manqueront pas. Comme au marché : vous aviez prévu d’acheter des coquilles Saint Jacques, mais ce sont les langoustines qui sont en promo ? Adaptez-vous ! C’est tellement bon, les langoustines ! 😉
Plus la note donnée par ma formule de sang-froid est haute, moins je suis « gourmand ». A contrario, si ma notation du titre est moyenne, je tente un prix de cours ambitieux.
Je regarde aussi bien entendu l’historique du cours.
Dernière chose : avant de passer un ordre, je regarde l’analyse technique pour savoir si la tendance de l’action que je cible est haussière, baissière ou neutre. Cela me permet de finir de réajuster le prix.
J’ai fait de bonnes emplettes en appliquant cette méthode.
8 ) Régulièrement tu équilibreras ton portefeuille
On constate vite l’inconvénient d’avoir un portefeuille peu diversifié. Ceux qui avaient beaucoup investi dans des valeurs sensibles aux cours du pétrole ont du souffrir en début d’année…
Il faut essayer d’acheter des actions de sociétés de secteurs radicalement différents.
Quand la bourse est bien haute, voire anormalement haute, j’en profite pour rééquilibrer mon portefeuille pour qu’il reste cohérent et diversifié. Attention, il s’agit d’une partie minime du portefeuille pour laquelle je me permets de vendre « très » cher, car si la vente ne se fait pas, je reste sur la stratégie de conservation initiale, qui reste gagnante à long terme.
9 ) Plaisir tu te feras avec modération
Comme les personnes qui font des régimes, il faut se méfier de l’effet de frustration. Si vous brulez d’acheter une action « risquée » parce que vous sentez qu’il y a un coup à faire, faites vous plaisir, mais avec modération. Cela peut être une PME peu connue, une start-up. Cet achat ne doit pas dépasser une limite que vous vous fixerez. Par exemple 10% de votre portefeuille.
C’est un conseil que j’ai emprunté à Investir en bourse : styles gagnants, styles perdants et que je trouve plein de bon sens (comme tous ses conseils).
10 ) Cool tu finiras
Suivre la bourse est grisant au début mais cela peut vite devenir obsédant. De plus, regarder la bourse tous les jours, empêche de prendre du recul.
Forcez vous à vous sevrer : restez « déconnecté » pendant des semaines sans regarder votre portefeuille. Tenez vous juste informé via des alertes emails pour ne pas rater une éventuelle affaire (voir mon article « Comment suivre la bourse, sans en être esclave ? », sur ce blog).
Aujourd’hui je suis cool. L’investissement en temps pour m’informer et peaufiner ma formule de sang-froid a été conséquent au début. Mais aujourd’hui, la bourse ne me prend que quelques minutes par mois.
Je lis les échos tous les jours et des blogs une fois par semaine pour m’informer, mais c’est du plaisir, que du plaisir.
Un grand merci à tous ces lecteurs qui m’écrivent pour me faire partager comme Philippe leurs pensées ou encore leurs articles.
J’adore ces « commandements » 🙂
« Un ordre de perdu, 10 de retrouvés ! ». Tout à fait vrai. En débutant, on a toujours tendance à difficilement accepter la possibilité de perte. Diversifier intelligemment ses investissements permet de palier à cela, et de rester gagnant.
Merci pour cet article 😉
« Des ordres non exécutés, tu auras »
Bof,bof.
JE choisis au maximum mes points d’entrée même si c’est largement perfectible.
Et pour passer beaucoup d’ordres, faut avoir de l’argent disponible.
Bonjour
Article intéressant
quel est votre avis, je suis novice.
Faut il investir gros dans deux ou trois actions ou investir petit sur plusieurs actions ?
Merci de votre réponse.
Cordialement.
Michel
@ Michel,
Un conseil simple à suivre, il faut diversifier au maximum son patrimoine.
En bourse, moins il y a d’actions plus on concentre le risque, qu’il soit sectoriel ou géographique.
Certes les gains peuvent être plus élevés mais les pertes également.Il suffit de regarder une action comme Orpéa…
Personnellement, je préfère diversifier et avoir plus de positions avec des montants moins importants.
Ensuite tout dépend de ton patrimoine et de tes objectifs.
au plaisir